Le train, un voyage pas comme les autres

Par Emmanuelle Bons

Bernina Express train Suisse
Le Bernina Express, fameux train suisse, traversant un viaduc © swiss-image.ch/Andrea Badrutt

Qu’ils soient à vapeur ou électriques, qu’ils s’appellent TGV, Shinkansen ou Orient-Express, le train roule sur les rails du succès ! Ce moyen de transport qui révolutionna le voyage au XIXe siècle retrouve depuis peu une place importante dans le monde du tourisme, après s’être longtemps fait voler la vedette par l’aviation. Tout comme la société évolue, les pratiques touristiques se transforment au fil des innovations technologiques mais aussi au gré des changements de mentalités.

Après la crise sanitaire du Covid, qui nous a fait prendre conscience de l’importance des échanges humains et qui a mené beaucoup d’entre nous à reconsidérer ses priorités, il est intéressant de s’interroger sur l’avenir du voyage de loisirs, à commencer par la question du « comment voyager ? ». Aujourd’hui, les nouvelles tendances qui semblent se dessiner font la part belle au train… ce qui n’est pas pour nous déplaire chez Arts et Vie !

Une fascination historique

Lorsqu’au milieu du XIXe siècle, la société, en pleine industrialisation, vit l’apparition des premières locomotives à vapeur, la fascination autant que les craintes agitèrent les foules. Ces engins, puissants et rugissants, étaient à la fois synonymes d’espoir en la modernité – cette modernité qui devait apporter le confort et l’aisance à tous – mais aussi d’une certaine peur du changement et de l’inconnu. Les rumeurs les plus absurdes entourèrent cette invention : on l’accusait de rendre les femmes infertiles (leurs utérus ne supporteraient pas une vitesse supérieure à 30 km/h !), voir même de provoquer une auto-combustion instantanée des corps en entrant dans les tunnels ! Heureusement, au fil du temps, les courageux voyageurs démontrèrent l’aberration des ces allégations et le train put se développer et transformer le rapport au temps et à l’espace.

Claude Monet, La Gare Saint-Lazare © Wikimedia Commons

Très vite, les artistes s’emparèrent de ce motif qui cristallisait la notion de modernité, centrale au XIXe siècle, tant en littérature qu’en peinture. Le train entrait au cœur d’un nouveau vocabulaire esthétique qui mettait en scène la ville, l’industrie, les progrès technologiques… Les plus grands peintres, tels que Monet, Caillebotte, et plus tard Léger, Mondrian ou Magritte, s’attachèrent à représenter les nouvelles architectures, notamment les gares monumentales, la vitesse, les volutes de fumée mais aussi les paysages ruraux bouleversés par les lignes et ponts récemment construits. La littérature ne fut pas en reste et contribua certainement à la création de mythes tels que celui qui entoure le prestigieux Orient-Express, rendu célèbre par la plume d’Agatha Christie. N’oublions pas également Les temps sauvages ou Wagon-lit de Joseph Kessel, largement inspirés de voyages réels de l’auteur en Transsibérien.

Retour de flamme

Si les années d’après-guerre virent l’émergence progressive du tourisme de masse grâce aux congés payés, à la démocratisation de l’automobile et aux premières lignes aériennes commerciales, ce n’est qu’à partir des années 1970 que la population, dans son acception la plus large, put accéder à ce que l’on nomme le « voyage ». Autrefois réservé aux classes les plus aisées, il devint au fil du temps une véritable industrie de loisirs qui explosa ces quarante dernières années. Il devenait possible de voyager plus vite et plus loin, avec des budgets de plus en plus restreints, notamment avec l’apparition des compagnies aériennes low cost. Le monde s’offrait à tous ! Il est devenu normal et courant pour un Français par exemple de passer un week-end à Berlin, à Prague ou à Lisbonne. Les distances se sont abolies et toutes les cultures se sont offertes aux esprits curieux.

Cependant, voilà une dizaine d’années qu’une nouvelle tendance est apparue un peu partout dans le monde, dont le leitmotiv pourrait se résumer à cette injonction : prenons notre temps ! Calqué sur le phénomène du slow food, anglicisme désignant le contre-pied de la restauration rapide qui a envahi notre culture gastronomique au détriment de la qualité, le slow tourism s’attache à la notion de plaisir et au fait de profiter pleinement de chaque instant. Le train s’inscrit parfaitement dans cette mouvance avec cette conviction que les trajets font partie du voyage et que « l’aventure » commence dès le départ et non en arrivant sur le lieu de son séjour. Les paysages défilent, les distances sont palpables, la transplantation d’une ville à une autre est moins brutale.

wagon panoramique train Glacier Express Suisse
Le wagon panoramique aux larges baies du Glacier Express, en Suisse © Switzerland Tourism

Une tendance verte

Dans une société où la conscience écologique s’éveille, le train est devenu l’emblème d’une recherche constante d’économie d’énergie qui remet en question l’usage inconsidéré de l’avion. Si l’on compare les émissions de CO2 des différents moyens de transport, le train arrive largement en tête par rapport à l’avion, aux voitures et aux bus, faisant de lui le champion en termes d’empreinte carbone ! Ainsi, vous émettez jusqu’à 7 fois moins de CO2 en train qu’en voiture et 20 fois moins qu’en avion ! Ces chiffres restent évidemment très relatifs aux nombres de passagers et aux distances parcourues mais il est indéniable que les voyages en train restent les plus écologiques.

Si évidemment les destinations lointaines n’offrent pas d’alternatives au transport aérien, il est aujourd’hui très facile de se déplacer en Europe en quelques heures par voie ferroviaire. Le développement des lignes à grande vitesse a permis de relier les grandes capitales dans des durées similaires à l’avion si l’on considère le temps global des déplacements qui incluent les trajets domicile-aéroport, les temps d’attente, les formalités douanières… Voilà pourquoi chez Arts et Vie nous avons fait le choix de privilégier le train dès que cela est possible !

À lire également : Vers un tourisme plus durable

En voiture vers l’histoire !

Mais parfois, les trains vont même jusqu’à dépasser leur fonction de moyen de transport pour devenir de véritables acteurs culturels. Comme de petits voyages dans le temps, les trains historiques remportent un peu partout de francs succès, ces dernières années. Machines à vapeur et wagons anciens que l’on peut emprunter sur de petites distances, telles des balades ferroviaires, suscitent un bel enthousiasme de la part du public. Monter à bord de ces imposantes machines invite à se plonger dans des ambiances d’un autre temps et permet de retrouver les odeurs et les bruits dans une atmosphère d’autrefois. Citons par exemple le célèbre Strathspey Railway en Écosse qui invite à découvrir les majestueux paysages du massif des Cairngorms. Que vous soyez passionnés d’histoire ou amoureux des trains, ces machines anciennes, qui constituent de véritables témoins directs d’une autre époque, vous séduiront à coup sûr !

Le train à vapeur du Strathspey Railway, en Écosse © Wikimedia Commons

À découvrir avec l’escapade : L’Écosse en train, un voyage pas comme les autres

Des trains d’exception avec Arts et Vie !

Plus écologiques et souvent plus pratiques, les voyages en train sont largement plébiscités chez Arts et Vie. La quasi-totalité de nos Escapades et des itinéraires Évasion en France, mais aussi des destinations comme la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne se font par voies ferroviaires afin de gagner un temps précieux puisque les visites peuvent débuter dès l’arrivée en gare ! Un petit pictogramme facilement repérable vous signale dorénavant ces programmes dans nos brochures. Évidemment, n’oublions pas nos prestigieux programmes conçus autour de lignes d’exception qui permettent d’accéder à des paysages et des régions isolés mais d’une beauté incomparable !

Flâneries suisses en train

Les lignes ferroviaires suisses se classent parmi les plus spectaculaires au monde ! Au cœur de paysages de montagne à couper le souffle, les rails grimpent le long de parois vertigineuses, traversent des ponts aux proportions époustouflantes, avant de plonger dans de noirs tunnels pour partir à la rencontre d’une nouvelle vallée. Cet itinéraire pensé autour de ces trains funambules offre le temps et le loisir d’admirer des panoramas inaccessibles, tout en profitant des richesses culturelles de chaque étape.

À découvrir avec le circuit : Flâneries suisses en train

Le train du toit du monde

Depuis l’étourdissante ville de Pékin jusqu’à la très spirituelle Lhassa, les rails s’élèvent vers des altitudes étourdissantes ! Cet itinéraire hors du commun offre un dépaysement de chaque instant et invite à un voyage à travers le temps et la spiritualité. Les monastères perchés et les paysages vertigineux deviennent les décors d’un extraordinaire parcours.

Le train pour Lhassa © J.-P. Levrault

À découvrir avec le circuit en Chine et au Tibet : Le train du toit du monde