Us et coutumes – les bains thermaux de Budapest

par Flavie Thouvenin

Ils figurent en tête de toutes les listes d’incontournables lors d’un séjour à Budapest : les bains thermaux de la capitale hongroise sont de ces expériences à la fois profondément ancrées dans la vie locale quoique devenues un brin trop touristiques. Pourtant, difficile de leur résister… pire encore : on en redemande ! Hérités d’une tradition balnéaire millénaire, ces lieux de détente sont une pause idéale après une riche journée de découvertes culturelles de la ville et l’occasion unique de profiter d’une architecture remarquable tout en barbotant dans des eaux relaxantes aux vertus, dit-on, thérapeutiques.

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Une tradition millénaire

Située sur une zone géologique particulièrement active, où plus de 100 sources d’eaux chaudes naturelles jaillissent du sol, Budapest est reconnue pour ses eaux thermales depuis l’Antiquité. Les Romains, dont la culture des bains n’est plus à démontrer, s’y sont installés dès le Ier siècle. Aquincum, la capitale de la province romaine de Pannonie (au nord de l’actuelle Budapest), tire même son nom de ces sources d’eau chaude, « Aquincum » signifiant « riche en eaux » en latin. Les vertus curatives de ces eaux, parmi les plus chaudes d’Europe, riches en minéraux, faisaient déjà le bonheur des citoyens romains qui venaient s’y ressourcer.

À la mode ottomane

La tradition des bains thermaux à Budapest s’est véritablement consolidée sous l’occupation ottomane, entre 1541 et 1699. Les Ottomans, tout comme les Romains avant eux, appréciaient grandement les hammams et les bains publics. Ils construisirent ainsi plusieurs établissements thermaux dans la ville, dont certains fonctionnent encore aujourd’hui. Les bains Rudas et Király, datants du XVIe siècle, avec leurs arcs de pierre, leurs imposantes voûtes et leurs bassins centraux octogonaux surmontés de coupoles, sont des témoins vivants de cette période. À l’origine, ces bains servaient non seulement pour la purification rituelle, mais aussi comme lieux de soin et de socialisation, véritables centres de la vie quotidienne sous l’Empire ottoman.

L’âge d’or du thermalisme

À la libération de la ville de l’occupation ottomane et sous l’influence des Habsbourg, la culture des bains s’est poursuivie et intensifiée à Budapest comme dans toute la Hongrie. Le XIXe siècle, en particulier, marque l’âge d’or du thermalisme dans toute l’Europe, et Budapest devient alors une destination thermale de premier plan. On y accourt des quatre coins du continent pour venir soigner ses rhumatismes, profiter des bienfaits des eaux minérales et s’immerger dans ce mode de vie raffiné. C’est le summum du chic à l’époque !

Au tournant du XXe siècle, , deux établissements grandioses, alliant architecture luxueuse et bien-être, voient le jour : les bains Gellért et Széchenyi, qui incarnent à eux seuls cet âge d’or. Les premiers, ouverts en 1918, sont une véritable ode à l’Art nouveau : mosaïques éclatantes, colonnes de marbre, motifs floraux, coupole monumentale, verrières aux vitraux colorés… Une atmosphère de faste que le tout Budapest fréquentait, tant pour se faire voir que pour profiter de ses eaux bienfaisantes ! Les bains Széchenyi, inaugurés en 1913, sont, quant à eux, célèbres pour leurs vastes piscines extérieures et leur architecture néo-baroque, dont les façades jaunes sont devenues un symbole incontournable de la ville. Ces deux établissements, emblématiques du thermalisme hongrois, offrent un savant mélange de bien-être et de splendeur architecturale.

Entre tradition et attraction touristique

Aujourd’hui encore, la tradition des bains thermaux demeure vivace dans la vie quotidienne des budapestois. Ces bains ne sont pas seulement des lieux de détente où l’on vient profiter d’eaux aux propriétés médicinales, mais aussi des espaces de socialisation. Les locaux y viennent en famille ou entre amis, pour discuter, jouer aux cartes, et même boire un verre ou partager un repas, chaque établissement ayant son propre espace de restauration. Toutefois, les habitants préfèrent souvent les établissements plus discrets, comme les bains Rudas, Lukács ou Király, où l’expérience se fait plus authentique. Les touristes, quant à eux, se laissent plutôt tenter par les stars que sont les bains Gellért et Széchenyi, pour allier détente et découverte du patrimoine historique de la capitale.

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Morceau de vie locale que l’on savoure en toute saison, dans la chaleur de l’été ou au creux de l’hiver, une virée dans la capitale hongroise ne saurait être complète sans goûter au charme unique de ses thermes. Avec leurs bassins d’eau chaude pour les frileux, d’eau froide pour les courageux, leurs saunas et hammams, et même des soins de bien-être pour ceux qui veulent pousser l’expérience jusqu’à la perfection, les bains de la capitale hongroise sont de véritables temples de la relaxation ! Et, les pieds dans l’eau, face à des mosaïques étincelantes et des coupoles monumentales, c’est un voyage dans le temps qui s’opère. Les thermes de Budapest, gardiens de l’histoire, offrent bien plus qu’un simple moment de détente : ils dévoilent l’âme d’une époque, confinée entre leurs murs richement décorés, où bien-être et tradition s’entrelacent…

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