Le musée des Confluences de Lyon – France

Par Flavie Thouvenin

Depuis son ouverture en 2014, il s’est imposé, en à peine 10 ans d’existence, comme un incontournable dans le paysage culturel lyonnais… Le musée des Confluences figurait naturellement en tête de mon programme lors d’une récente escapade dans la capitale des Gaules ! Plus de 650 000 visiteurs ne s’y sont pas trompé l’an passé, et près de 5 millions depuis sa création : ce musée à la convergence des sciences naturelles et des sciences humaines est assurément l’un des plus fascinants de l’Hexagone, servi par un parcours muséographique exceptionnel mêlant les disciplines et les supports.

Un écrin pour le savoir

Situé dans le quartier de La Confluence, à la pointe sud de la presqu’île de Lyon, au confluent de la Saône et du Rhône, ce gros vaisseau, comme surgit des eaux, surprend par sa forme étonnante et sa façade multi-facettes aux vitres miroitantes. Conçu par le cabinet autrichien CoopHimmelb(l)au, ce « bâtiment paysage » aux dimensions imposantes (190 m de long pour 90 m de large, et 41 m de hauteur), mérite à lui seul le détour et ravit les amateurs d’architecture ! Pensé comme un pont, composé ainsi d’importants éléments en porte-à-faux, le musée se découpe en 3 grands ensembles : le Socle, qui soutient la structure, le Cristal, qui accueille le hall vitré monumental, et le Nuage qui abrite les collections permanentes et les expositions temporaires. Une véritable prouesse architecturale !

Aux origines

La genèse du musée remonte aux débuts des années 2000 avec l’amorce du projet : faire fusionner les collections du muséum d’Histoire naturelle, du musée Guimet et du Musée colonial – trois musées aujourd’hui disparus – et le fonds venu des missions catholiques de l’Œuvre de Propagation de la Foi de Lyon. L’idée est de mettre en dialogue les sciences – à la fois sciences naturelles, sciences humaines et sciences dures – afin d’apporter un éclairage pluridisciplinaire sur l’histoire du vivant et de l’humanité : un musée à la confluence des savoirs, dont le nom reflète, outre sa localisation, la mission qu’il s’est donné.

Une machine à remonter le temps

À l’intérieur, l’exposition permanente est organisée en 4 espaces qui se déploient sur 3350 m: il n’en fallait pas moins pour faire le récit de l’histoire de l’humanité !

La première partie “Origines : les récits du monde” fait entrer le visiteur dans le vif du sujet en tentant de répondre à la question que nous nous posons tous : “d’où venons-nous ?”. Un véritable voyage dans le temps, en quête de nos origines ! Trois reconstitutions grandeur nature d’hominidés, saisissantes, amorcent la réflexion, puis nous passons de l’origine de l’homme à l’origine des espèces, depuis nos cousins les grands singes à l’exceptionnelle variété d’espèces mammifères, jusqu’aux plus petites formes de vie du fin fond des océans, premières traces du vivant sur Terre.

L’aile de l’évolution, parenthèse pendant ce premier parcours, qui conserve notamment l’impressionnant squelette fossile du mammouth de Choulans, permet de mieux appréhender la théorie de l’évolution des espèces de Darwin.

Ensuite, c’est un voyage qui nous entraîne aux confins de l’univers qui nous attend, depuis notre galaxie jusqu’au Big Bang, dans une scénographie qui fascine petits et grands.

Au cœur du vivant

Après la question de nos origines, l’espace suivant, intitulé “Espèces, la maille du vivant” se demande “qui sommes-nous ?”, interrogeant notre place dans la grande chaîne du vivant et les liens complexes qui nous unissent aux autres espèces. Momies de chats de l’Égypte antique, totémisme australien, animisme inuit, opposition entre nature et culture en Occident… l’évocation des représentations symboliques chez l’homme et sa place particulière au sein du monde vivant entrent en résonance avec la question de son impact sur la nature et la biodiversité, au cœur des préoccupations écologiques actuelles.

Une mosaïque de sociétés

La partie suivante, “Société, le théâtre des hommes”, met en lumière la complexité des sociétés humaines, leur organisation, les échanges entre les groupes, et leur formidable pouvoir créatif. On est fasciné par l’incroyable diversité des sociétés et civilisations, et la beauté des collections d’outils, instruments, armurerie, objets d’art modelés, taillés, ciselés, décorés jusqu’au goût du détail… Depuis les temps reculés jusqu’à la modernité, on comprend l’importance des échanges entre les groupes – qu’ils soit culturels, monétaires, techniques, scientifiques… – et leurs rôles essentiels dans le progrès. L’homme, depuis toujours, est un être d’innovation, il créé.

Au-delà du vivant

Il n’est pas de société qui ne se soit pas posé la question de la mort, de la vie après la mort, du rapport au défunt. Ainsi, dans ce quatrième et dernier espace, “Éternités : visions de l’au-delà”, la visite se poursuit par un dernier voyage qui met en perspective ce questionnement universel : après la vie, que devenons-nous ? Où allons-nous ? Les exemples de rites funéraires issus de cultures amérindiennes et africaines, et la fascinante collection d’égyptologie, point d’orgue final de ce parcours, interrogent le passage du monde des vivants à celui des morts et éclaire notre besoin viscéral de spiritualité.

Le vivant naît, vit, et meurt, puis renaît, dans un cycle infini : la visite du musée se termine sur un ultime questionnement, “que léguons-nous ?”, nous rappelant l’incroyable fragilité du vivant et l’absolu nécessité de le préserver.

À découvrir lors de nos escapades « Lyon et la fête des Lumières » et « Lyon à la Saint-Sylvestre »