27 septembre 2024 | On a testé pour vous

Par Emmanuelle Bons

Au cœur d’une des plus belles régions de France, se cache l’un des sites les plus élégants de la Côte d’Azur. La baie des Fourmis, lovée entre l’isthme du cap Ferrat et la petite ville de Beaulieu-sur-Mer, constitue un havre de paix où les impressionnantes roches des Préalpes rencontrent le bleu céruléen de la Méditerranée. Autrefois peuplée par modestes pêcheurs, la baie devint au XX^e siècle un lieu de villégiature privilégié pour de nombreuses personnalités fortunées qui y édifièrent de luxueuses demeures. La plus originale et la plus illustre d’entre elles reste incontestablement la villa Kérylos, bâtie sur un promontoire rocheux en surplomb de la mer, fièrement dressée face à l’immensité des flots que je décidais de visiter une matinée d’été.

Depuis la route venant de Nice, juste après avoir passé le cap Ferrat, je fus immédiatement frappée par la silhouette atypique de la villa Kérylos aperçue de loin. Bien différente de l’architecture Belle Époque aux façades richement ornées, si caractéristiques de la Côte d’Azur, cette demeure se distingue par ses lignes droites, épurées, et sa blancheur éclatante, évoquant instantanément l’architecture grecque classique.

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En empruntant la petite impasse menant à son entrée, je passe d’abord devant la villa élégante de Gustave Eiffel, malheureusement abandonnée et close, avant d’atteindre cette enclave suspendue dans le temps. Avant même de franchir le seuil, l’atmosphère des lieux m’enveloppe. Le jardin méditerranéen raffiné, où pins et oliviers centenaires furent préservés lors de la construction, se déploie sous mes yeux. La vue sur la côte rocheuse d’un côté, le cap Ferrat de l’autre, sous un soleil éclatant qui vient illuminer l’ensemble… L’effet est saisissant !

Une réinvention moderne des villas antiques

À peine ai-je gravi les quatre marches du perron que je me sens transportée à travers le temps et l’espace. Ce n’est plus Beaulieu-sur-Mer, mais la Grèce antique qui s’offre à moi ! L’intégralité de la villa, de ses murs à sa décoration, des meubles jusqu’à la vaisselle, fut conçue par Théodore Reinach, archéologue et propriétaire, avec l’aide de l’architecte visionnaire Emmanuel Pontremoli. Tous deux, passionnés par la culture hellénique, s’entourèrent d’artisans talentueux pour donner naissance à cette demeure unique. Plus qu’une simple reproduction d’une villa antique, la villa Kérylos est une réinvention moderne de l’Antiquité. Chaque objet fut étudié et pensé. Pas de place ici pour le folklore, toutes les créations furent l’objet de nombreuses études afin d’assurer leur conformité historique.

Le rez-de-chaussée s’organise autour du péristyle, cette galerie entourant une petite cour intérieure délicatement ornée de fresques et de colonnes doriques en marbre. Au centre, une fontaine murmure doucement, invitant les visiteurs à la sérénité. Depuis ce havre de paix, on accède à la salle à manger, à l’andron — le grand salon traditionnellement réservé aux hommes — et enfin à la bibliothèque, véritable sanctuaire de savoir, où Théodore Reinach aimait étudier. À l’étage, les chambres, sobres et élégantes, s’ouvrent sur une salle de bain étonnamment moderne pour l’époque, dominée par une imposante baignoire en marbre.

Un dialogue entre la mer et l’architecture

Le raffinement s’exprime dans chaque détail : les mosaïques minutieusement agencées, les luminaires aux fils discrètement dissimulés, les étoffes somptueuses et les statues empreintes d’une beauté intemporelle. Rien n’a été laissé au hasard, et partout, d’immenses fenêtres encadrent des vues à couper le souffle sur la mer Méditerranée, renforçant ce dialogue harmonieux entre l’architecture et la nature environnante.

Un séjour dans la villa Kerylos n’est pas seulement une immersion dans le passé, mais une véritable expérience sensorielle, où l’art de vivre à l’antique se mêle à la douceur du paysage méditerranéen.

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