Us et coutumes – Laisser ses chaussures à l’entrée !
21 octobre 2022 | Carnets pratiques
Tous les voyageurs le savent bien : méconnaître les us et coutumes du pays visité peut donner lieu à quelques situations fort embarrassantes, voire même à de petits accrochages malencontreux ! Pour éviter ce genre de scènes déplaisantes, il convient de se renseigner avant son départ sur les traditions locales afin de montrer son respect et son savoir-vivre. L’un des usages pouvant provoquer facilement une certaine gêne se situe… à vos pieds ! En effet, il est très important dans un grand nombre de pays de retirer ses chaussures en entrant dans certains lieux symboliques ou même tout simplement dans les maisons. Pour éviter les impairs et comprendre cette obligation, nous vous proposons un petit tour du monde… en chaussons !
Contraintes climatiques
Première bonne raison de laisser ses chaussures à l’entrée : les conditions climatiques ! Dans des pays où la neige et le froid obligent les habitants à s’emmitoufler dans de chaudes tenues, conserver ses bottes fourrées à l’intérieur semble peu conseillé. Ainsi, au Canada, en Russie et dans de nombreux pays d’Europe de l’Est, il est d’usage de se déchausser en arrivant, surtout en hiver. Dans les entreprises, les employés utilisent au quotidien une 2e paire de souliers et, dans les maisons de particuliers, il n’est pas rare que des chaussons attendent les visiteurs afin de leur éviter de marcher en chaussettes sur un sol froid.
L’hygiène avant toute chose
Autre argument implacable expliquant cette tradition : l’hygiène. Si le Japon est réputé pour son souci constant de la propreté, jusqu’à être parfois caricaturé dans nos pays occidentaux, la coutume d’ôter ses chaussures à l’entrée des maisons semble une évidence si l’on y réfléchit bien ! Il faut en effet se rappeler que dans l’Empire du Soleil levant, tout comme dans la plupart des pays d’Asie, les repas étaient traditionnellement pris à même le sol et le couchage se faisait sur des tatamis étendus sur le plancher : il semblerait donc fort peu approprié de marcher en chaussures souillées à l’endroit même où l’on mange et où l’on dort.
Au Japon, le gekan, que l’on pourrait traduire littéralement par “porte de la connaissance profonde” est une sorte de vestibule où chacun peut s’installer pour ôter ses chaussures et les ranger sur les étagères prévues à cet effet. Il conviendra de prendre soin de tourner les pointes vers la sortie chez les japonais, mais vers l’intérieur en Corée !
On retrouve cette habitude en Turquie où les chaussures sont laissées à l’extérieur des maisons, sur le palier ou même dans la rue, pour les mêmes raisons qu’en Asie. Les repas étaient en effet autrefois pris sur des sofras, des tables proches du sol qui permettaient aux convives de s’asseoir par terre, sur des tapis ou des coussins.
Sur les pas du sacré
Si les questions d’hygiène expliquent cette tradition, certaines notions religieuses apportent un éclairage spirituel à cette action si usuelle. En effet, au Japon, le concept très ancien du kekkai, représente la division entre le monde de la pureté et celui de l’imperfection, l’intérieur et l’extérieur. Il considère qu’à l’intérieur, dans le Uchi, nous sommes dans un environnement pur et propre, tandis que le monde extérieur, Soto, est un espace sale. Ôter ses souliers permet ainsi de souligner le passage de l’un à l’autre de manière plus marquée. Les temples bouddhistes notamment ne peuvent être visités que nus pieds afin de protéger l’intérieur en lui conservant son aspect sacré. On retrouve un peu la même notion chez les musulmans, où la prière n’est possible qu’une fois débarrassé de ses impuretés, et notamment de ses chaussures.
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