Anecdote #9 – Indonésie
24 août 2023 | Clins d'œil d'accompagnateurs
L’arbre aux enfants de l’île de Célèbes
Par Christian Chenu
L’Indonésie, avec ses grands volcans, ses rizières en terrasses, ses forêts tropicales et ses plages idylliques, a pourtant bien plus à offrir que des paysages sublimes et une nature luxuriante. Au cœur de cet archipel vivent des centaines d’ethnies différentes, aux traditions multiples et variées, qui ont construit au fil du temps un ensemble culturel éblouissant et vertigineux. La grande force du circuit Arts et Vie est de conjuguer aux îles de Java et de Bali – passage obligé des circuits touristiques –, la découverte de l’île de Célèbes (Sulawesi), authentique et surprenante. Christian Chenu nous y emmène, à la rencontre d’un peuple aux coutumes fascinantes : les Torajas.
Les Torajas et leurs traditions
Les Torajas (le peuple des hautes terres) vivent dans une région montagneuse du sud de l’île de Célèbes, au milieu des rizières de la région de Rantepao. Ils sont connus pour l’architecture très originale de leurs habitations traditionnelles, les tongkonan, au toit imitant la forme d’une coque de bateau, ainsi que pour leurs rituels funéraires ancestraux étonnants. En échange d’une offrande au défunt (une ou deux cartouches de cigarettes), on peut généralement y assister.
Chez les Torajas, on célèbre les morts par des sacrifices de buffles et de porcs, lors de banquets interminables qui durent des jours, des semaines et parfois même davantage. Car on ne meurt pas chez les Torajas. Enfin, pas tout de suite. Tant que la cérémonie n’est pas terminée, le défunt est considéré comme étant seulement malade.
Les cérémonies funéraires
La tradition veut que toute la famille et tous les proches soient présents pour les funérailles, qui rassemblent parfois jusqu’à des milliers de personnes. Comme certains peuvent habiter très loin, il faut les loger et les nourrir, et ce pendant plusieurs semaines. Ces cérémonies sont ainsi très couteuses pour la famille, qui s’endette souvent pour des années.
De plus, l’organisation de tels événements demande beaucoup de temps, aussi il faut parfois attendre plusieurs mois, voire plusieurs années après le décès d’une personne pour que ses funérailles aient lieu. Et en attendant, le « malade » reste à proximité de sa famille, qui lui rend quotidiennement visite.
L’arbre du pays Toraja
Cependant, lorsqu’il s’agit d’un bébé qui décède, c’est très différent. Dans le village de Kembira, on nous a emmenés un peu à l’écart du village au milieu de la forêt pour nous montrer cet arbre. Car ici, c’est à un arbre que sont confiés les jeunes enfants morts. Philippe Claudel le raconte dans son ouvrage : L’arbre du pays Toraja.
« Une cavité est sculptée à même le tronc de l’arbre. On y dépose le petit mort emmailloté d’un linceul. On ferme la tombe ligneuse par un entrelacs de branchages et de tissus. Au fil des ans, lentement, la chair de l’arbre se referme, gardant le corps de l’enfant dans son grand corps à lui, sous son écorce ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait monter vers les cieux, au rythme patient de la croissance de l’arbre. »
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