1 voyage, 3 regards – Vietnam

Par Emmanuelle Bons

Article originellement publié dans le Plus d’Arts et Vie – Été 2019

De la baie d’Halong au delta du Mékong, le Vietnam égrène de sublimes paysages, formés de rizières en terrasse, de forêts tropicales et de hauts sommets. Nichés au cœur de cet environnement fabuleux, cités anciennes, temples et sites archéologiques révèlent une histoire millénaire et une culture d’une extrême richesse. Mais l’invitation au voyage ne serait pas complète sans l’accueil d’un peuple souriant et chaleureux, à l’identité plurielle. On ne saurait découvrir le Vietnam sans aller à la rencontre de ses multiples ethnies, à l’artisanat et aux traditions toujours bien vivantes.

Un kaléidoscope de paysages

Avec ses 1 600 km de long du nord au sud, le Vietnam propose une diversité de paysages impressionnante. Entre plaines verdoyantes, forêts profondes et fières montagnes, le pays offre une large palette de couleurs et de panoramas, qui lui confère une singularité fascinante.

Trois grandes zones structurent la partie nord du pays, appelé Bac Bo, l’ancien Tonkin : la région des hautes montagnes, la moyenne région et le delta du fleuve Rouge (le Song Hong). C’est à la frontière avec la Chine que l’on rencontre les plus hauts sommets avec notamment le Fan Si Pan qui culmine à 3 160 m d’altitude. Les altitudes baissent ensuite progressivement vers le delta du fleuve Rouge qui s’étend jusqu’à son embouchure vers la mer de Chine. C’est là que se situe la célèbre baie d’Halong et ses paysages karstiques. On y recense 1 969 îles et îlots, fruits de l’évolution géologique de la zone. Criques, plages, lacs intérieurs, cavernes et grottes confèrent à ce lieu son caractère mystérieux et presque irréel.

Au centre, la région nommée Trung Bo forme une longue bande de terre, entre mer et montagnes. Un cordon de dunes et de lagons s’étend le long de sa façade maritime, tandis que l’intérieur des terres, à la frontière avec le Laos, se caractérise par de hauts plateaux volcaniques où l’on rencontre d’épaisses forêts.

Le Sud, enfin, est occupé en majeure partie par le delta du Mékong, immense plaine de 75 000 m2. Formée par les alluvions et les sédiments déposés par le fleuve, cette zone extrêmement fertile assure près de 40 % de la production alimentaire du pays. Rizières à perte de vue, vergers, villages sillonnés d’innombrables petits canaux ou rivières, marais peuplés d’aigrettes se succèdent autour des neuf bras du Mékong, autour desquels s’organise toute la vie de la région.

Un patrimoine classé à l’Unesco

Disséminés sur l’ensemble du territoire, les sites vietnamiens classés au patrimoine mondial de l’Unesco révèlent la richesse de la culture et de l’histoire du pays. Cinq sites culturels ont obtenu leur classement sur la très prestigieuse liste des plus remarquables monuments de la planète.

Hoi Han

Citons la vieille ville de Hoi Han, située dans la partie sud de la cité, très bien conservée, remarquable pour son syncrétisme entre influences étrangères (chinoises, japonaises et plus tardivement européennes) et les traditions locales. On y découvre un ensemble de 1 107 bâtiments à ossature de bois, parmi lesquels on compte de nombreux temples dédiés au culte des ancêtres datant des XVIIe et XVIIIe siècles.

Hué

L’ensemble de monuments de Hué, ancienne capitale du pays, abrite quant à elle, une cité impériale où se situait l’administration et les logements de la cour avec en son cœur les vestiges de la Cité pourpre interdite, ancienne résidence du souverain et de sa famille. Cet ensemble, construit au XIXe siècle, illustre la structure de la philosophie vietnamienne et donne un exemple de capitale féodale orientale.

My Son

Plus ancien, le sanctuaire de My Son, situé dans la région du centre, proche du littoral, s’est développé du IVe au XIIIe siècle. Constitué de tours-sanctuaires et de temples hindouistes construits en briques cuites et en pierre, ce lieu constituait le cœur de la patrie du clan des Dua, qui unifia les clans Chams. Le site illustre les influences indienne et indonésienne malgré les importantes destructions causées par les guerres qui ont ravagé la région.

Thang Long

Bâtie sur les vestiges d’une ancienne ville chinoise du VIIe siècle, la cité impériale de Thang Long, située dans l’actuelle Hanoi, fut à la fois centre politique, culturel et économique. Ce site archéologique d’envergure a notamment permis aux spécialistes de mettre en œuvre de nombreuses recherches afin d’approfondir les connaissances sur l’histoire du pays.

La citadelle de la dynastie Hô

Enfin, la citadelle de la dynastie Hô du XVe siècle, située à 150 km au sud d’Hanoi, constitue un témoin essentiel de l’influence du confucianisme chinois. Il ne subsiste malheureusement que les quatre portes et l’esplanade Nam Giao car elle fut considérablement endommagée par les invasions chinoises des empereur Minh.

Une mosaïque de populations

La population vietnamienne se singularise essentiellement par son caractère pluriethnique, hérité de son passé tourmenté fait de conquêtes et de reconquêtes. La majeure partie des habitants appartient aujourd’hui au peuple Viet (ou Kinh), originaire du nord du pays et du sud de la Chine. Ils sont établis essentiellement dans les régions basses et les plaines côtières où la densité est très forte. Si les religions confucianiste ou bouddhiste sont largement dominantes, le catholicisme et le protestantisme sont également représentés en raison de l’héritage de la colonisation.

Femme hmong fleur voyage culturel
Femme hmong fleur © J.-C. Chéron

Les minorités, au nombre de 53, dont le nombre d’individus varie de quelques centaines à plus d’un million, sont pour la plupart localisées dans des zones très reculées des montagnes. On rencontre dans le Nord une très belle diversité ethnique qui a immigrée de Chine pour fuir les persécutions à partir du XVIIIe siècle. Parmi cette mosaïque, citons les Thaï, Muong, Nung, Tay, Hmong, Dao ou Lolo.

Défenseurs de leur identité séculaire, ces peuples sont très attachés à leurs langues, à leurs coutumes et à leurs costumes traditionnels, soutenus par l’État qui reconnaît officiellement leur identité. Hô Chi Minh disait concevoir la nation vietnamienne comme une “famille” dans laquelle “les compatriotes de toutes les minorités ethniques sont des enfants et des petits-enfants”.

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