La Ny Carslberg Glyptotek – Danemark
9 décembre 2022 | On a testé pour vous
Par Flavie Thouvenin
Régulièrement classée parmi les villes les plus agréables à vivre (cette année encore, elle est arrivée à la deuxième place du classement mondial établi par The Economist !), Copenhague laisse incontestablement un petit goût de reviens-y dans la bouche du touriste qui s’y aventure. Avec son agréable centre-ville pavé de rues piétonnes, ses nombreux espaces verts, cette capitale à taille humaine séduit autant pour ses clichés de carte postale (le fameux petit port de Nyhavn aux façades colorées, la célèbre Petite Sirène à l’ancre dans la baie, ou encore les jardins de Tivoli et leur vieux parc d’attraction au charme désuet) que pour son ambiance résolument paisible. Mais l’on ne saurait passer à côté de ses richesses culturelles ! J’ai profité de mon deuxième séjour dans la perle de la Baltique pour visiter l’un des plus beaux musées du monde, la Ny Carslberg Glyptotek. Suivez-moi !
Carl Jacobsen, collectionneur passionné
À l’origine de la NY Carslberg Glyptotek figure un collectionneur d’art, Carl Jacobsen, fils de Jacob Christian Jacobsen, fondateur de la célèbre brasserie danoise Carlsberg. Passionné d’art antique, en particulier la statuaire grecque et romaine, et friand d’art danois et français, Carl Jacobsen, qui a toujours eu à cœur de partager son amour pour l’art avec le grand public, expose d’abord, à partir de 1892, dans sa propre villa et ses jardins.
Bientôt, dit-on, les sculptures y sont plus nombreuses que les arbres !, et plusieurs extensions sont nécessaires afin d’accueillir les nouveaux venus d’une collection en constante expansion. Ainsi, en 1885, la maison-musée ne compte pas moins de 19 galeries !
La nécessité d’un nouvel espace se faisant sentir, Jacobsen décide alors de faire don de l’ensemble de ses collections à l’État danois et la ville de Copenhague, à la condition qu’on lui fournisse un lieu d’exposition. C’est ainsi que le 1er mai 1897, les portes de la NY Carslberg Glyptotek s’ouvraient.
La sculpture comme horizon
Après une première longue journée de déambulation à la redécouverte de la ville, me voilà nez-à-nez face à l’imposante façade de briques rouges et colonnes de granite du musée, d’inspiration Renaissance, dont la couleur contraste avec le ciel de cette grise journée d’automne. Mais c’est à l’intérieur qu’est le spectacle !
Cette première aile, conçu par l’architecte et ami de Jacobsen Vilhem Dahlerup – déjà à l’origine des travaux dans la villa du collectionneur –, abrite des collections de sculptures modernes danoises et françaises de 1800 à 1920. On y retrouve quelques grands noms de la discipline, notamment Jean-Baptiste Carpeaux et Auguste Rodin ou encore Thorvaldsen, grand maître de la sculpture danoise. Bustes, allégories, héros de la mythologie… puissance des corps, expressivité des traits, les œuvres exposées dépeignent les tourments de l’âme humaine avec finesse et émotion. Les salles font ainsi la part belle à l’inspiration antique, en vogue dans les salons parisiens de l’Académie des beaux-arts à la fin du XIXe siècle, que Jacobsen considérait comme le plus bel âge de la sculpture après l’Antiquité.
Le goût de l’antique
La visite se poursuit par la seconde aile du musée, inaugurée en 1906, et conçue dans le style néo-classique par un autre grand architecte danois, Hack Kampmann. Elle conserve quant à elle les collections antiques léguées par Carl Jacobsen en 1899. Là encore, la part belle est faite à la statuaire et sculptures égyptiennes, grecques et romaines se succèdent dans un enfilement de salles majestueuses. Pour les amateurs d’art comme les novices, c’est un trésor qui défile sous nos yeux !
Au blanc éclatant du marbre des sculptures contrastent le bleu roi ou le rouge franc des murs peints, les mosaïques des sols et les verrières des plafonds. Outre l’extraordinaire richesse et la beauté des collections, l’agencement et l’architecture intérieure du musée offre un écrin à la hauteur de ces témoignages du passé et font de la visite un émerveillement, à l’image du hall central bâti à la façon d’un temple antique, avec ses colonnades de marbre, ses rangées de statues, et conservant en son centre les vestiges d’une mosaïque d’une ancienne villa romaine. Un véritable voyage dans le temps !
L’art pour tous
À mi-visite, une pause s’impose ! Il faut dire que pour ça, le jardin d’hiver situé à la convergence des deux ailes principales, mérite à lui seul le détour ! Sous son large dôme de verre et de fer rappelant l’architecture industrielle en vogue à la fin du XIXe siècle, palmiers et plantes plus ou moins exotiques s’épanouissent autour d’une fontaine centrale, dans une ambiance mi-méditerranéenne mi-tropicale. Une curiosité que Jacobsen lui-même avait pensé comme le point central du musée : « J’espère qu’en hiver la végétation attirera les visiteurs, et qu’en voyant les palmiers peut-être s’attarderont-ils également sur les statues ». Le collectionneur avait à cœur de faire profiter ses précieuses collections au plus grand nombre, et pas seulement à un public de connaisseurs. Un pari qui semble réussi, à en juger par le nombre de touristes comme de locaux qui s’y pressent entre deux déambulations dans les salles d’expositions.
Le triomphe de la peinture
Dernière étape : l’aile la plus récente du musée, construite en 1996 par l’architecte Henning Larsen afin d’accueillir les collections de peinture moderne de Carl Jacobsen. Sur deux étages, la fine fleur de la peinture française du XIXe jusqu’au milieu du XXe siècle et l’âge d’or de la peinture danoise de la première moitié du XIXe s’exposent. Côté français : Manet, Courbet, Monet, Toulouse-Lautrec, Berthe Morisot, Cézanne ou encore Gauguin ; côté danois, Eckersberg, Købke… les chefs-d’œuvre s’enchaînent et l’enchantement prend le pas sur la fatigue qui commence doucement à pointer le bout de son nez. Natures mortes, portraits, paysages naturels ou urbains, impressionnisme, post-impressionnisme, notre visite se clôt en beauté ! C’est confirmé : que l’on soit fin amateur d’art ou simple touriste curieux, la Ny Carslberg Glyptotek est un incontournable de la capitale danoise à ne pas manquer !
Visitez la Ny Carslberg Glyptotek à l’occasion de notre escapade Copenhague à la Saint-Sylvestre et au cours de notre circuit Danemark découverte